Journalisme & égalite de genre
13. Qu’est-ce que la discrimination positive ? /
On appelle discrimination positive, action positive, dédiscrimination ou mesures correctrices d’inégalités, une politique, une mesure ou une loi qui a pour objectif de favoriser par un traitement préférentiel, une catégorie de personnes qui est sujette habituellement à une discrimination en raison de son origine sociale, ethnique ou religieuse, de son sexe, de son âge, de ses handicaps. Ainsi, à l’aide d’un dispositif inégalitaire et temporaire, la discrimination positive vise à rétablir une égalité des chances. Elle peut aider des populations très défavorisées, mais ne résout généralement pas le problème à l’origine de l’inégalité ou de la discrimination.
Un ascenseur social pour une égalité de chance
Cette notion trouve son origine aux États-Unis avec « l’affirmative action » Elle a été créée en faveur des descendants d’esclaves, mais également pour tous les citoyens victimes d’une quelconque discrimination. Lancée par le président Kennedy et mise en place en 1961 pour inciter les employeurs à prendre des mesures positives pour l’emploi et le traitement des employés afro-américains. Toutefois, il faut signaler que Donald Trump a fait annuler de nombreuses directives mises en place pour promouvoir les minorités.
Ce label recouvre, partout où il a cours, une série de mesures préférentielles qui poursuit un triple objectif : un objectif de rattrapage entre groupes inégaux, un objectif de lutte contre les discriminations, un objectif de promotion de la « diversité ».
On peut la retrouver aussi sous la forme de :
- création de quotas à l’embauche ou à l’inscription universitaire.
- d’actions fiscales pour privilégier l’embauche de certaines catégories défavorisées
Les grandes écoles à l’ère de la discrimination positive
En France par exemple, à partir de 2001, l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris a été l’un des premiers établissements à mettre en place un programme de discrimination positive. Une procédure spéciale d’admission pour des lycéens venant d’une zone d’éducation prioritaire a été instaurée ; ils sont dispensés de concours d’entrée et sont recrutés sur dossier et sur entretien. Ils bénéficient ensuite de la formation normale des étudiants de l’IEP, qui leur permet notamment d’occuper des postes au sein de la haute fonction publique. La ministre socialiste Najat Vallaud Belkakacem (sous François Hollande) a bénéficié de cette procédure spéciale.
Un rattrapage entre groupes inégaux
« On ne peut pas rendre sa liberté à un homme qui, pendant des années, a été entravé par des chaînes, l’amener sur la ligne de départ d’une course et croire qu’on est ainsi parfaitement juste. » Cette célèbre métaphore du président des États-Unis Lyndon Johnson, révèle l’esprit des premières mesures de la discrimination positive car elle a permis aux étudiants issus des minorités ethniques d’être plus nombreux dans les universités.
La discrimination positive ne cherche pas à lutter contre la pauvreté, mais à réduire l’écart entre différents groupes. La stratégie retenue consiste à faire surgir, au sein de ceux qu’on cherche à intégrer dans la société globale, des élites sociales, économiques ou politiques, dont on parie qu’elles joueront ensuite un rôle moteur dans le progrès général du groupe. L’effort porte donc sur des couches moyennes et supérieures qu’on veut aider à atteindre les positions sociales qu’elles auraient « normalement » occupées en l’absence de discrimination.
En Afrique du Sud, le congrès national africain (ANC) prend le pouvoir en 1994. Confronté à une situation économique et sociale catastrophique, il décide de s’attaquer aux inégalités et aux injustices héritées de l’apartheid. La principale mesure adoptée par le gouvernement est la loi sur « l’embauche équitable ». Elle a pour but de donner plus de place sur le marché du travail aux catégories de Sud-Africains, y compris les femmes et les handicapés, victimes de discriminations. Ce texte a presque exclusivement été utilisé en faveur des Noirs.
Dissoudre les stéréotypes des uns et le sentiment d’illégitimité
La discrimination positive apparue comme une dérogation ponctuelle et provisoire au principe de l’égalité de traitement, a abouti à la politique du quota :
Qui dit par exemple « quotas en faveur des femmes », dit de mieux représenter la catégorie « des femmes », lesquelles sont aujourd’hui vues comme sous représentées dans certains milieux de la société et ce, notamment dans la haute fonction publique et dans la sphère de la politique.
En Tanzanie : alors que la Constitution prévoyait une égalité de droits entre hommes et femmes en matière de participation politique à la gouvernance du pays, cette égalité ne s’est pas concrétisée de façon naturelle au sein de l’Assemblée nationale. Un système de quotas sous forme de sièges réservés a progressivement été mis en place à partir de 1985. L’objectif était de passer d’un quota initial de 10% à celui de 50% de femmes en 2015. Ces sièges sont pourvus aussi bien par des femmes élues que par des femmes désignées par les partis eux-mêmes, lorsque le nombre des élues n’est pas suffisant.
Il est des discriminations positives comme des actions positives. C’est ainsi que l’on réservera, comme cela se fait dans les secteurs privés à Madagascar comme d’autres pays, un pourcentage de places d’apprentissage, de travail ou que l’on permettra aux femmes de prendre leur retraite plus tôt que les hommes.
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