Journalisme & égalite de genre
10. Les stéréotypes de genre dans le journalisme /
Les journalistes doivent comprendre que les stéréotypes de genre attribuent aux femmes et aux hommes des caractéristiques qu’ils et elles n’ont pas choisies. Qu’ils sont partout et qu’ils ont une influence sur nos manières de juger et de nous comporter et que cela peut engendre des discriminations.
En raison de leur sexe, l’on attribue aux femmes et aux hommes des caractéristiques qu’ils ou elles n’ont pas choisi
Le stéréotype est une opinion sur une catégorie d’individus, opinion sur (les femmes, les Africains, les Asiatiques, les Arabes, les Chinois, etc.)
Ces opinions, le plus souvent, ne se fonde sur aucune expérience ou connaissance personnelle, mais se borne à reproduire des jugements répandus. Les stéréotypes sont toujours discriminatoires, même s’ils semblent au premier abord valoriser un sexe ou un groupe social.
Un stéréotype est une représentation caricaturale figée, une idée reçue, une opinion toute faite acceptée et véhiculée sans réflexion, concernant un groupe humain ou une classe sociale.
L’on attribue aux femmes des caractéristiques dites « féminines » : on dira d’elles qu’elles sont « douces, attentionnées, maternelles, coquettes » tandis qu’on attribuera aux hommes des caractéristiques dites « masculines » comme le fait d’être « courageux, fort, déterminé ».
Les attentes de la société sont donc différentes selon le genre : on dira également s’il pleure qu’il n’est pas un « vrai » homme, ou si une femme montre de l’autorité ou une appétence pour un sport masculin, par exemple le football, qu’elle n’est pas une « vraie » femme.
En raison de leur sexe, l’on attribue aux femmes et aux hommes des caractéristiques qu’ils ou elles n’ont pas choisi. On explique que les stéréotypes de genre conduisent à un traitement différencié des femmes et des hommes et donc à des discriminations. C’est pour cette raison que nous devons questionner nos stéréotypes et faire en sorte qu’ils n’influent pas sur notre façon d’agir.
Les stéréotypes de féminité et de masculinité mènent à avoir des visions réductrices du rôle de la femme et de l’homme dans notre société. Plusieurs préjugés existent toujours et peuvent rendre la vie difficile à une personne qui ne se conforme pas aux normes de la masculinité et de la féminité, peu importe son orientation sexuelle.
Ces règles implicites et explicites qui régissent le rôle et le statut des hommes et des femmes ont investi aussi les rédactions et influencent la répartition du travail.
Il y a au cœur de la féminisation des rédactions, une répartition genrée des services et rubriques, ou encore des compétences et spécialités journalistiques. Les femmes travaillant dans les départements sportifs sont tendanciellement affectées à la couverture de sports perçus comme féminins. Dans certaines rédactions, les femmes perçues comme passives/prudentes/hésitantes, sont affectées le plus souvent aux recherches documentaires, tandis que les hommes, perçus comme actifs/fiables/assurés, et capables d’« attraper la balle au vol et de courir » (métaphore sportive), sont envoyés sur le terrain.
Dans l’esprit de certains rédacteurs en chefs, les femmes seraient ainsi meilleures pour vérifier l’information, tandis que les hommes seraient plus réactifs face à une actualité « chaude ». De sorte que les premières restent dans la rédaction, pratiquant un journalisme « assis », alors que les seconds en sortent régulièrement, pratiquant un journalisme « debout ».
Cette affectation genrée cache une logique selon laquelle les femmes doivent faire leurs preuves, tandis que les hommes bénéficient a priori de la confiance placée dans leur potentiel et leur capacité d’adaptation.
Les femmes sont souvent perçues comme dotées de qualités « naturelles » (minutie, répétitivité, soin, dévouement, souci des autres, patience…) liées au rôle qu’elles jouent dans la sphère privée. Cette naturalisation de leurs savoir-faire a pour effet d’empêcher la reconnaissance de leur qualification professionnelle.
Elles occupent peu de postes de responsabilité au sein des rédactions, sont utilisées pour leur physique pour l’animation des émissions, subissent la loi du plafond de verre, un arrêt dans la progression de leur carrière malgré leur compétence.
Les stéréotypes se mettent en place dès l’enfance
Les enfants apprennent très tôt ce que signifie être un garçon ou une fille par une multitude d’activités, d’occasions, d’encouragements, de suggestions, de comportements manifestes, de comportements secrets, et de diverses formes de conseils.
La « socialisation » permet de présenter aux enfants des valeurs sociales, ainsi que des exemples de comportement et de rôles socialement acceptables en fonction de leur sexe. Ce que doit être une femme et ce que doit être un homme.
De nombreuses études montrent que les parents attendent de leur fils, plus fréquemment que de leur fille, que ce dernier soit indépendant, sûr de lui, ambitieux, travailleur, intelligent et volontaire.
Tandis que pour leur fille, ils attendent plutôt qu’elle soit gentille, aimable, attirante et enfin qu’elle ait de bonnes manières, fasse un bon mariage et soit une bonne mère.
La famille est le premier groupe de référence de l’enfant et donc, beaucoup de ce que l’enfant apprend est filtré par les parents. Quand les parents répètent à leur progéniture qu’un grand garçon, ça ne pleure pas, ils véhiculent le stéréotype qui veut dire que les hommes sont forts.
Nous imitions les comportements appropriés pour devenir en quelque sorte les membres acceptables de la société et les stéréotypes de genre deviennent fermement des croyances indélogeables. Ces stéréotypes sont souvent à l’origine d’actes de violence contre les femmes.
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