Journalisme & égalite de genre

12. À quoi renvoie la notion de Genre et d’Empowerment ? /

L’usage de ce terme s’est développé aux USA dans le cadre de la reconnaissance des droits des femmes, qui, pour pouvoir exercer leur autonomie, ont dû apprendre à le faire.

Sur le plan politique, l’Empowerment vise à permettre aux individus de se réapproprier leur vie, de sortir d’un rôle de victime passive face à une faible capacité d’agir liée à leur contexte de vie. L’empowerment vise à l’autonomie de chacun, en lien avec les principes de confiance, de coopération et de responsabilité engagée loin des jeux de pouvoir et du management par ordre-contrôle.

Principes de l’Empowerment psychologique pour Gretchen Spreitzer

Universitaire californienne, Gretchen a travaillé de nombreuses années sur le sujet de l’empowerment au travail, et participe au mouvement américain des organisations positives. Elle en retient que l’Empowerment résulte d’une construction motivationnelle basée sur quatre leviers.

Le sens. J’ai pu construire, identifier, développer un sens au travail qui me permet de faire coïncider ou converger les buts et les objectifs d’un travail (poste de travail, mission ou activité à réaliser) avec mes idéaux et mes standards internes : croyances, espoirs, valeurs, comportements.

La compétence ou efficacité personnelle. J’ai la croyance dans ma capacité à pouvoir réaliser les actions ou les tâches nécessaires à ma mission.

L’auto-détermination. Il s’agit de la sensation que je vais pouvoir initier ou réguler des actions, que je suis autonome dans la mise en œuvre ou la poursuite des processus liés au travail : je peux prendre des décisions sur les outils, les méthodes les techniques, l’effort à produire.

L’impact. C’est la perception du degré avec lequel je peux influencer les résultats de mon action (par la stratégie, la tactique d’intervention, la gestion des actions). La perception du contrôle que je peux assurer sur ce qui se passe. 

Le pouvoir de changer sa vie en agissant avec les autres

S’il est un mot qui a la cote dans les discours sur le genre, c’est l’empowerment. Il fait référence au pouvoir que l’individu peut avoir sur sa propre vie, au développement de son identité ainsi que son lien au collectif.

Ce concept et mot est apparu dans les années 2000, il traduit le « Pouvoir d’agir », la « Capacitation citoyenne », mélange de capacité et incitation.  

On peut le traduire plus simplement par « Développement du pouvoir d’agir », voire « Empouvoirisation ».

Ce concept s’articule en deux dimensions : celle du pouvoir, qui constitue la racine du mot et celle du processus d’apprentissage pour y accéder.

Un autre genre de pouvoir

L’empowerment n’envisage pas la domination, c’est-à-dire le pouvoir sur l’autre, mais qu’on met l’accent sur les autres types de pouvoir : le pouvoir de, le pouvoir avec, le pouvoir intérieur pour se réaliser. Une manière de penser au pouvoir en termes d’aptitude à faire des choix. L’empowerment est lié au processus selon lequel, ceux qui ont la possibilité de faire des choix est refusée, puissent l’acquérir.

C’est en quelque sorte un autre genre de pouvoir. Une autre philosophie sur la notion du pouvoir.

Ce concept n’envisage pas de chercher à renforcer le pouvoir des femmes pour dominer les hommes au contraire, elle recherche la synergie entre les deux sexes pour arriver à quelque chose de plus riche et surtout pour atteindre une situation plus juste. De ce point de vue, on fait la distinction entre quatre types de pouvoir.

« Le pouvoir sur » : la notion suppose que le pouvoir n’existe qu’en quantité limitée : plus tu en as, moins j’en ai. Si j’exerce de l’autorité sur toi, te donner davantage du pouvoir signifie que j’en perdrais. Ce pouvoir repose sur des rapports de domination/subordination mutuellement exclusifs ; c’est un pouvoir qui s’exerce sur quelqu’un.

« Le pouvoir de » : le pouvoir de est un pouvoir qui est créateur et qui rend apte à accomplir des choses ; c’est l’essence même de l’aspect individuel du pouvoir (empowerment) lorsqu’on a réussi à résoudre un problème, à comprendre le fonctionnement d’une chose ou à acquérir de nouvelles compétences. La notion renvoie donc aux capacités intellectuelles (savoir et savoir-faire) et économiques (avoir) ; à l’accès et au contrôle des moyens de productions et finalement être dans la possibilité d’utiliser ces moyens de production.

« Le pouvoir avec » : c’est le pouvoir social et politique : comme la solidarité, s’organiser pour négocier, pour défendre ses droits, le lobbying. Collectivement, les gens sentent qu’ils ont du pouvoir lorsqu’ils s’organisent et s’unissent dans la poursuite d’un but commun ou lorsqu’ils partagent la même vision des choses.

« Le pouvoir intérieur » : c’est savoir que l’image de soi, la confiance en soi, l’estime de soi, l’identité, la conviction (religieuse) et la force psychologique (savoir être) sont des éléments clés de réussite. La force spirituelle et le caractère unique de chacun le rend véritablement humain. Il se fonde sur l’acceptation de soi-même et le respect des autres.

Dépasser les obstacles qui entravent les parcours

L’Empowerment se conceptualise en trois points : les ressources, l’action, la performance.

Les ressources : forment les conditions dans lesquelles les choix sont faits.

Elles s’appuient sur les ressources économiques : la terre, l’équipement, les finances, le capital de
travail, etc. Les ressources humaines qui comportent la connaissance, les compétences, la créativité, l’imagination, etc.

L’action : elle est au cœur du processus selon lequel les choix sont faits.

C’est la capacité de définir les objectifs et d’agir sur eux.
L’action c’est la relation avec le “pouvoir de” : la capacité des gens à définir les choix de leur vie et poursuivre leurs propres buts, même s’il faut affronter ou se heurter à l’opposition des autres.

La performance : ce sont les possibilités, le potentiel que les gens ont pour mener la vie qu’ils désirent.

Il existe des indicateurs pour mesurer l’incidence d’empowerment :

  • l’émancipation des femmes : basée sur la foi dans l’éducation des filles,
  • le partage des rôles et la prise de décision au sein du couple par exemple,  
  • l’autonomie financière, le contrôle des revenus des femmes, le travail avant le mariage, les revenus contrôlés avant le mariage, la faible différence d’âge entre les époux, le choix du mari sont des preuves d’empowerment.

Les acteurs de l’empowerment poussent leurs interlocuteurs à mettre en forme leur façon d’envisager le changement à conduire, à passer à l’action, à se mettre en mouvement.

Ils travaillent « avec » eux et non « sur » eux.

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