03. Qu’est-ce que le JoSo ? /
Le journalisme de solution respecte les standards du journalisme et ajoute d’autres critères exigeants.
Le journalisme de solution… c’est d’abord du journalisme. C’est une évidence, certes. Mais il est parfois bon de la rappeler tant on amalgame souvent le JoSo à de la com’. Et non : faire un reportage sur une action qui a fait ses preuves, ce n’est pas faire un publi-reportage avec une source unique et un portrait louangeur du principal protagoniste. Le JoSo obéit aux règles de base du journalisme (les 5 W, l’angle, la vérification, la double source…), respecte les standards les plus exigeants (voir le parallèle avec le journalisme d’investigation dans l’épisode 7)… et en ajoute d’autres.
5 W + 2
Comme pour toute production journalistique, le JoSo répond aux questions fondamentales, les 5 W : Who, What, When, Where, Why (Qui, Quoi, Quand, Où et Pourquoi). Mais il en ajoute une autre, parfois (pas toujours) utilisée par les reporters. Une question qui pour un « solutionneur » n’est pas accessoire mais plutôt fondamental : How (Comment). L’une des grandes pionnières du journalisme de solution, l’enquêtrice Claudia Rowe du Seattle Time, a pour habitude d’arriver à une interview « avec une liste de 60 questions commençant par comment ». Nous verrons au fil des épisodes pourquoi le comment est important. Retenons d’ores et déjà, que le JopSo est un journalisme du détail et de l’action. On a besoin de décrire très précisément, méticuleusement même, comment la solution fonctionne pour qu’on puisse la dupliquer.
L’autre question importante, qu’on ne pose pas forcément à nos interlocuteurs, mais qu’on a toujours en tête lors d’une enquête, c’est So What. Autrement dit « Et alors ? ». Pour ne pas nous contenter de raconter de belles histoires. Si la solution n’est pas reproductible, si c’est juste une success story, l’exploit d’un super héros, c’est peut-être une réponse à un problème. Mais ce n’est pas une solution qui peut servir à tout le monde.
Les 4 critères du JoSo
Le Solution Journalism Network a défini quatre critères à respecter pour réaliser une enquête orientée solutions.
Ils ont le mérite d’être simples (et peu nombreux)… mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont faciles à atteindre !
- La solution doit être au cœur de la narration. Autrement dit, si votre récit peut se focaliser sur des personnages, c’est leur action et la manière dont elle fonctionne qui constitue l’essence de la narration.
- La réponse ne suffit pas, il faut aussi donner des preuves qu’elle fonctionne (ou qu’elle échoue). On met l’accent sur l’efficacité. Pas sur les intentions.
- Quels sont les enseignements de cette solution. Quelles leçons peut-on en tirer pour la reproduire.
- Enfin quelles sont les limites de la réponse. Il n’y a pas de solution parfaite. Le journaliste doit relater fidèlement les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la solution.
L’intérêt de ces critères qui semblent contraignants, c’est d’apporter un équilibre dans les réponses. Il n’y a pas de solution miracle mais un travail journalistique honnête.
Points à méditer
- Jetez un œil sur vos dix dernières productions, lesquelles répondent aux 5 W + 2 ?
- Si c’est le cas, lesquelles répondent aux quatre critères ?
Pour vos prochains sujets, pouvez-vous concevoir un plan d’action pour respecter les 5 W + 2 et les 4 critères ?
Un projet porté par CFI en partenariat avec France Médias Monde