Journalisme & santé

11. Dorra Ben Abdelkader, le journalisme santé en Tunisie /

Partout dans le monde, quand le thème de la santé en Afrique est abordé, la vision de leurs conditions de santé est toujours pessimiste (rechutes et décès). Le monde ne s’intéresse à l’Afrique que lorsqu’elle saigne. Cependant, l’Afrique est un continent plein d’initiatives. L’Afrique n’est pas seulement un continent de souffrance, c’est un continent d’initiative, de créativité et d’innovation.

Dorra Ben Abdelkader – Journaliste – Agence Tunis Afrique Presse – Tunisie

Je suis Dorra Ben AbdelKader, journaliste, de l’agence Tunis Afrique Presse, je couvre les sujets dans les domaines de la santé, des droits de la femme, de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

En 2017, le gouvernement tunisien adopte la loi 58 qui criminalise les violences faites aux femmes.  Une loi historique votée à l’unanimité par l’Assemblée des Représentants du Peuple.

Dorra Ben Abdelkader – Journaliste – Agence Tunis Afrique Presse – Tunisie

À travers ma dernière enquête, j’ai voulu savoir comment cette loi pouvait être appliquée sur le terrain et à quelles lacunes on pouvait remédier afin de donner et protéger les droits de la victime, en particulier pour les femmes victimes de violences psychologiques, verbales et économiques.

Lors du confinement imposé en Tunisie avec l’arrivée de l’épidémie de la Covid-19, le nombre de violences faites aux femmes a explosé, rendant parfois difficile le recueil de témoignages de victimes.

Dorra Ben Abdelkader – Journaliste – Agence Tunis Afrique Presse – Tunisie

J’ai eu recours à la société civile, entre autres les associations actives qui ont un programme complet sur les violences faites aux femmes. Ces associations me donnent la possibilité de rencontrer et de parler avec ces femmes. Il y a également les responsables dans le ministère de la Femme et le ministère de la Santé qui recueillent des témoignages vivants, et des témoignages de femmes victimes de violences. En tant que journaliste, j’ai évidemment un droit de réserve, et le droit de ne pas dévoiler l’identité de ces femmes par respect des lois sur leurs données personnelles. C’est ainsi que je les ai rencontrées et que j’ai recueilli leurs témoignages vivants et leurs souffrances sans révéler leur identité par respect pour leur dignité. Il n’est pas facile de convaincre une victime de témoigner. Je dois parvenir à la convaincre et la rassurer que ses données personnelles ne seront pas dévoilées. Et que le travail que j’accomplis est un travail journalistique pour faire la lumière sur ses droits de femme et de victime, et faire parvenir sa voix à la société afin que nous, en tant que société et moi en tant que journaliste, parvenions à la vérité et faire apparaître les faiblesses d’une loi ou de certaines procédures.

Depuis la révolution du Jasmin en 2011 en Tunisie, le pays a inculqué un processus de réformes, qui a notamment consisté en la refonte des médias appelés à se moderniser.

Dorra Ben Abdelkader – Journaliste – Agence Tunis Afrique Presse – Tunisie

Quant au journaliste aujourd’hui, il ne doit pas se contenter des communications et des reportages émis par les structures hospitalières ou par des structures officielles telles que le ministère de la Santé et le gouvernement, mais il doit aller plus loin chercher ce qui se cache derrière ces chiffres et les rapports publiés. En Tunisie, nous faisons un pas très important dans ce sens. Le journaliste tunisien ne se contente pas de recevoir les communiqués et d’enregistrer les chiffres, mais il cherche à aller plus loin.

Malgré l’arrivée de la pandémie de la Covid-19, l’Afrique a su innover en termes de santé, même en situation de crise.

Dorra Ben Abdelkader – Journaliste – Agence Tunis Afrique Presse – Tunisie

Sur le secteur de la santé dans le monde arabe et sur le continent africain, je constate de ma position de journaliste que ce qui abonde la jeunesse du monde arabe en termes d’idées, de créativité, de compétitivité, d’amour et de passion pour la connaissance, nous permet d’être optimistes pour l’avenir dans le secteur de la santé, en particulier, le secteur de la technologie et celui de l’innovation. Cependant, et je le répète, il y a un manque d’installations de base et de ressources financières, notamment pour accueillir ces jeunes et leur permettre de réaliser leurs rêves, leurs buts, leur volonté de créer et d’innover.

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