Journalisme & santé

08. Traitement de l’information : vaccination et controverses sur la vaccination /

Une des difficultés rencontrées par les journalistes santé est l’opposition de certains groupes, qu’ils soient issus de mouvances religieuses, sectaires ou complotistes.

S’opposant à la médecine et aux recommandations des institutions, ils usent de nombreux procédés pour dénigrer la parole scientifique et par là même de ceux qui s’en font l’écho.

Les controverses sur la vaccination et le refus vaccinal sont un exemple typique de ces mouvements et de leurs dangers pour la santé publique. Aujourd’hui, à travers le monde, des maladies disparues réapparaissent. D’autres, sur le point d’être éradiquées, persistent faute d’une confiance en la vaccination. Autisme, sclérose en plaques, lupus… les vaccins seraient responsables de tous les maux… quand ils ne sont pas accusés d’enfreindre la volonté de Dieu ou de permettre l’implantation de puces de traçage sur la population.

Aujourd’hui, la défiance envers les vaccins touche les quatre coins du globe avec des modalités et des raisons qui divergent selon les pays. Faisons le point avec Sophie Malibeaux, rédactrice adjointe à RFI et spécialiste de l’Asie, des réseaux sociaux et de la désinformation, Olivier Marbot, journaliste à Jeune Afrique  et Caroline Paré, journaliste et animatrice de l’émission Priorité Santé sur RFI.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Bonjour, je m’appelle Sophie Malibeaux, je suis journaliste à RFI, je vis en banlieue parisienne. À RFI, je travaille notamment à une chronique appelée « Les dessous de l’infox », pour démonter les campagnes de désinformation circulant sur Internet.

Olivier Marbot – Journaliste – Jeune Afrique – France

Bonjour, Olivier Marbot, je suis journaliste à « Jeune Afrique » où je m’occupe de la section « L’Enquête » qui porte sur des sujets transversaux, qui peuvent porter sur la santé et la médecine, mais pas uniquement. Je travaille et j’habite dans le sud de Paris.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

Bonjour, je suis Caroline Paré, je suis journaliste à RFI, et je présente l’émission « Priorité Santé » tous les matins du lundi au vendredi depuis Issy-Les-Moulineaux, où se trouvent les studios de FMM.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

La défiance vaccinale, ce sont des campagnes de désinformation faites par des propagateurs d’infox, des gens qui à dessein, utilisent, exploitent les peurs des populations pour les dissuader d’accéder à ce vaccin, qui est là pour les prémunir contre la maladie.

Olivier Marbot – Journaliste – Jeune Afrique – France

Nous qui vivons en France, on est habitués à la défiance vaccinale. Ce n’est pas quelque chose que j’ai rencontré en Afrique.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

On a consacré de très nombreuses émissions à cette question. Ce qu’on voit, c’est une forme de géographie de la défiance vaccinale. Plus les gens font face aux épidémies, moins ils sont sceptiques, car ils ont besoin au quotidien de faire vacciner les enfants pour échapper à telle ou telle maladie. Le vaccin pour eux c’est simplement quelque chose de vital.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Ces gens qui font circuler ces fausses informations sur le vaccin sont des gens qui ont, en quelque sorte, une défiance généralisée systématique, contre les sciences.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

Par contre, il y a une défiance vaccinale différente entre le nord et le sud. Elle peut être bien plus liée à la religion, à des usages locaux au sud.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Les créationnistes qui refusent qu’on injecte des produits dans le corps humain, en disant qu’il faut laisser faire Dieu, il faut laisser faire la nature, même s’il y a une menace d’épidémie.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

Le mouvement antivax existe depuis que les vaccins existent. Au début, c’était de la part de l’Église.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Le rôle des réseaux sociaux est essentiel, car ils aident des populations qui n’ont pas beaucoup de choix pour s’informer. Deux choses caractérisent les réseaux sociaux, c’est l’anonymat et la rapidité de propagation. Il est très difficile d’empêcher l’infox de circuler, souvent, elle continue sur d’autres réseaux, elle passe de YouTube à Facebook, à Twitter, Snapchat, ou d’autres moyens.

Olivier Marbot – Journaliste – Jeune Afrique – France

La grande angoisse des Africains était : « Est-ce qu’on va en avoir ? Nos pays en auront-ils les moyens ?  On est oubliés, on est africains, on est noirs, on va nous laisser crever. » À l’annonce de l’initiative COVAX, quand on a expliqué qu’il y aurait un certain nombre de doses réservées aux pays en commençant par les personnes les plus fragiles.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

Certains journalistes considèrent qu’on doit donner la parole à tous, que le débat est ouvert, qu’on peut être antivax, que c’est acceptable, qu’on peut être provax, que c’est une idée, en fait. Ce n’est pas le point de vue de ‘Priorité Santé’, ni nos opinions personnelles. Les vaccins sont un outil de santé publique.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Il faut surtout travailler sur la qualité des sources. Il faut multiplier les sources. Je commence par aller sur les sites officiels des grandes organisations comme l’OMS.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France 

On va aussi bien donner la parole aux patients, aux usagers, nos auditeurs, les parents qui peinent parfois à trouver un centre de santé, pour qui cette vaccination n’est pas un luxe, mais une obligation pour garder leurs enfants en vie.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Et quand je vois une intervention de quelqu’un qui se revendique être médecin ou scientifique, je regarde exactement quelle est sa discipline, quel est son passé, et je vais ensuite interroger les experts qui sont précisément en charge de cette spécialité.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

On va travailler avec les chercheurs comme à l’Institut Pasteur, ils vont expliquer comment ça se passe. On va travailler avec des industriels qui expliquent qu’on ne peut pas produire par magie un milliard de vaccins, ça prend du temps. On travaille aussi avec des historiens, ou des anthropologues.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

Je ne vais pas forcément interroger les chercheurs les plus médiatisés, car il y en a qui passent plus de temps sur les plateaux de télévision à parler de choses dont ils n’ont pas vraiment la compétence.

Caroline Paré – Journaliste – RFI – France

Je ne vais pas, en tant que journaliste d’une émission de santé, vous dire : «continuez de mettre de la bouse de vache sur la plaie, ‘c’est votre croyance. » On est là pour essayer d’aider les gens, leur donner des indications. On parle non seulement de bon sens, mais aussi de science.

Sophie Malibeaux – Journaliste – RFI – France

En fait, il faut simplement faire la part des choses. Il ne faut pas ironiser. Il faut prendre très au sérieux les craintes que peuvent provoquer certaines campagnes de désinformation. Il ne faut pas se moquer. Il faut regarder comment ces campagnes de désinformation sont montées.

Un projet porté par CFI en partenariat avec France Médias Monde

Logos CFI et France Médias Monde