Journalisme & santé

04. La santé sexuelle et reproductive /

Chaque jour, 800 femmes meurent des suites de complications dues à la grossesse et à l’accouchement. Chaque année, on dénombre 80 millions de grossesses non désirées à travers le monde, et 22 millions d’avortements sont pratiqués dans de mauvaises conditions. 

Saviez-vous que la santé sexuelle et reproductive est, depuis la conférence internationale sur la population et le développement de 1994, reconnue comme un droit pour toutes les femmes ? Dans les faits, ce droit est loin d’être mis en pratique. Il passe notamment par une éducation et une information dont les journalistes santé peuvent être les acteurs. 

Comment en parler avec des termes simples, sans choquer les croyances et les valeurs des personnes et sans condescendance ?

Voyons d’abord ce que recouvre le terme de santé sexuelle et reproductive (ou SSR).

Selon l’OMS, la SSR est un « état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité.”  Elle suppose ainsi des relations sexuelles consenties, non violentes et sécuritaires ainsi que la liberté de choix à concevoir ou non un enfant.
Elle recouvre ainsi différents sujets :

  • La contraception et la prise en charge des grossesses non désirées
  • L’accompagnement sécuritaire de la périnatalité
  • La prévention et le dépistage des infections sexuellement transmissibles
  • La prévention et le dépistage du cancer du col de l’utérus
  • La prévention des violences sexuelles et le respect de l’intégrité corporelle
  • La prévention des mutilations sexuelles féminines
  • La prise en charge des troubles sexuels et de genre

Et, de manière transverse, elle induit une éducation qui permet de se libérer de la peur, de la honte, de la culpabilisation, des fausses croyances et des autres facteurs psychologiques.

Vous comprendrez aisément que de nombreux freins à la SSR demeurent qu’ils soient d’ordre religieux, culturels – tel que le poids du patriarcat sur le contrôle social du corps des femmes – ou encore matériels : accès à des méthodes de contrôle des naissances sûres ou au dépistage, par exemple.

Afin d’illustrer notre propos, voici différents exemples de par le monde. Si l’éducation sexuelle a été mise en place par de nombreux gouvernements, elle demeure souvent insatisfaisante, comme en Chine.

Le Conseil d’État y a rendu obligatoire l’éducation sexuelle dans l’enseignement… mais il semble que cette décision soit assez vaine et insuffisante car les enseignants se focalisent sur la biologie et… l’abstinence. Alors que les mœurs sont en train de se libérer en Chine avec un développement des pratiques sexuelles hors mariage, des camps d’éducation sexuelle se sont ouverts afin d’accompagner au mieux les adolescents.

Parlons contraception maintenant. En Afrique de l’Ouest et Centrale seules 14,7% des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans mariées ou en union, et leurs partenaires sexuels, utilisent actuellement au moins un moyen de contraception. Un chiffre révélateur d’un niveau de SSR bas qui s’explique par un faible accès à des services de santé sexuelle et reproductive adaptés, par un déficit d’accès à une information fiable, à des facteurs socio-culturels liés aux tabous autour de la sexualité ainsi qu’aux mariages précoces. Au Sénégal, par exemple, le gouvernement tente aujourd’hui de mettre en place des programmes de promotion de la contraception en dépit de résistances culturelles fortes et d’un système de santé décentralisé.

Terminons par le Moyen-Orient. En Jordanie, la question de la santé reproductive et sexuelle des femmes réfugiées syriennes est un point de préoccupation majeur. Celles-ci ont, en effet, souvent été victimes de violences domestiques et/ou sexuelles ou ont subi des grossesses non désirées. Il faut les aider à se reconstruire : c’est le but des centres de santé pour les femmes qui, au-delà du pur registre médical, offrent un accompagnement à ces femmes meurtries.

Je vous invite à faire un petit exercice : quelles que soient vos convictions, comment traiteriez-vous de la question de la contraception de la manière la plus objective et la plus respectueuse possible ?

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