Journalisme & environnement

11. Disparition des agriculteurs à Bahreïn : partage d’expérience du journaliste Islam Alzeny /

Si je vous dis Bahreïn, à quoi pensez-vous ? Au sable, au pétrole et aux gratte-ciels. Moins à son agriculture en danger, et pourtant ! Nous allons aborder un sujet peu connu de ce petit État du Golfe longtemps décrit comme « le pays au million de palmiers » avec un journaliste expert du Moyen-Orient qui n’hésite pas à enquêter sur des sujets peu exposés dans le monde arabe.

Islam Alzeny – Journaliste – Bahreïn

Le changement climatique est l’un des défis du monde arabe, notamment dans la région du Golfe.

Le dérèglement climatique est l’une des causes de la disparition des agriculteurs dans le Royaume de Bahreïn.

À cela s’ajoute le manque d’eau, la hausse des températures, l’urbanisation et la salinisation des terres cultivables.

Malgré des subventions versées par le gouvernement, les fermiers finissent par vendre leurs terres à des promoteurs.

Islam Alzeny – Journaliste – Bahreïn

Mais je pense qu’il est nécessaire de poursuivre la politique de soutien et de continuer à trouver des terres arables. Il n’est pas envisageable d’exploiter l’intégralité des terres pour des besoins industriels, parce que l’agriculture est une source de sécurité alimentaire pour le Royaume du Bahreïn.

Depuis 2016, les autorités bahreïnites ont lancé une campagne visant à supprimer les mouvements d’opposition dans le pays.

Un contexte insécuritaire, aussi bien pour les journalistes que pour les fermiers en difficulté qui n’osent témoigner.

Islam Alzeny – Journaliste – Bahreïn

Lorsque quelqu’un projette de rencontrer un agriculteur, il est conseillé, le plus souvent, de rencontrer un porte-parole représentant une association, un syndicat, un club ou une autre organisation oeuvrant dans le domaine de l’agriculture

Il est possible d’échanger avec ces syndicats ou associations pour se procurer les coordonnées de ces agriculteurs.

Nous avons aussi un autre conseil important. Il y a une règle connue dans le journalisme, que nous appelons « la jambe fracturée ». Je m’explique : la personne qui pourrait compatir le mieux avec une personne qui s’est fracturée la jambe est bien celle qui a aussi une jambe fracturée. 

Cette règle invite donc le journaliste à compatir avec la personne qu’il rencontre. Un agriculteur peut se sentir en manque de confiance lorsqu’il engage une discussion avec un journaliste qu’il ne connaît pas.

Il convient donc de se documenter mieux sur l’agriculture, de se préparer aux questions, de montrer une certaine complicité avec l’agriculteur, et de lui signifier que vous êtes là pour converser avec lui et collecter des informations, et de le mettre à l’aise.

En 2017, Islam Alzeny a créé le premier programme médiatique sur le changement climatique au Moyen-Orient.

Islam Alzeny – Journaliste – Bahreïn

La Conférence Internationale sur le Journalisme d’Investigation

C’était le premier évènement axé sur les médias et c’était très intéressant étant donné que la sensibilité par rapport au changement climatique dans le monde arabe est très faible.

Je ne parle pas que de la sensibilité des gens, mais celle des journalistes, malheureusement.

La problématique à laquelle pourrait se heurter un journaliste, qui couvre un sujet sur le changement climatique, est son appréhension puisqu’il se trouve confronté à un sujet complexe et vaste.

Son appréhension peut être liée au fait qu’il ne soit pas expert en thématiques écologiques ou celles liées au changement climatique.

Mais, je rassure les amis journalistes, en général on ne leur demande pas d’être des experts en écologie ou en climat.

Mais, il est important qu’on leur simplifie l’information, qu’on évite de leur fournir des informations académiques complexes, inexploitables à leur niveau. Il faut tenter de vulgariser le discours qu’on leur tient. 

Nous recommandons l’utilisation des graphes et de l’infographie. Certains sites également répertorient les termes spécifiques au changement climatique et proposent une explication plus simplifiée.

Islam Alzeny a fondé “A Corruption Free Society”, sélectionné en 2015 comme le meilleur projet social innovant de lutte contre la corruption au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Aujourd’hui, il ne fait plus partie d’une rédaction et préfère rester un journaliste indépendant.

Islam Alzeny – Journaliste – Bahreïn

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