Journalisme & environnement

04. Quel est le lien entre l’érosion de la biodiversité et la survie de l’Homme ? /

Le climat ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des autres menaces liées aux impacts de l’activité humaine sur la planète. Le journaliste environnemental doit aussi savoir faire état d’autres indicateurs. On parle d’érosion de la biodiversité dans le monde, mais la situation n’est pas identique selon les pays.

Un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître de la Terre d’ici peu de temps si aucune mesure n’est prise pour freiner cette tendance. Ce chiffre est le premier enseignement d’un rapport de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). On désigne cette communauté scientifique mondiale comme le « GIEC de la biodiversité ».

Mais, qu’est-ce que la biodiversité ? Elle représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes comme la faune, la flore, les bactéries, mais aussi les gênes. Elle intègre les interactions qui existent entre tous ces organismes, y compris celles entre ces organismes et leurs milieux de vie. Une espèce menacée est, quant à elle, un animal ou un végétal qui risque à court ou moyen terme d’être rayé de la planète. En plus de remettre en cause la survie des espèces vivantes, ce déclin de la biodiversité remet en cause, in fine, la nôtre.

La vitesse de cette dégradation diffère entre les régions du monde même si, globalement, l’explosion du commerce mondial et de la consommation, l’accroissement de population humaine et l’urbanisation massive ont changé le visage de notre planète ces cinquante dernières années.

Pour le constater, il suffit de regarder autour de vous. N’avez-vous pas remarqué que nos arbres, nos ruisseaux ou nos mers étaient moins peuplés ? L’Indice Planète Vivante 2020 mondial montre un déclin moyen de 68 % des populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons entre 1970 et 2016.  Dégradation des terres et artificialisation des sols, déforestation, pollution, extraction minière, pêche et chasse intensives… autant de causes qui mettent en péril la biodiversité, pourtant essentielle à la sécurité alimentaire. Que ferions-nous, par exemple, sans plantes sauvages ? C’est plus de 1 160 espèces que nous utilisons comme nourriture.

Un nouveau rapport de l’UICN a indiqué qu’en conservant la biodiversité des sols grâce à des pratiques durables, les agriculteurs pourraient contribuer de façon substantielle à la sécurité alimentaire et hydrique. L’agriculture durable permettrait également l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.

L’Afrique est l’une des principales victimes de ce climat déréglé, alors qu’il s’agit du continent qui y contribue le moins. La banque néerlandaise de développement (FMO) vient d’ailleurs d’investir 10 millions de dollars dans eco.business Fund pour stimuler la conservation de la biodiversité en Afrique subsaharienne. Cette biodiversité est mise à mal principalement par la destruction d’habitats naturels.

Par exemple, la Casamance est une région du Sénégal autrefois connue pour sa végétation abondante, sa biodiversité et ses immenses forêts. C’était le grenier de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, ses zones boisées disparaissent dans une crise silencieuse dans une région où le changement climatique constitue une menace sérieuse. C’est plus de 10 000 hectares de forêts qui ont disparu, soit 1 million d’arbres abattus illégalement pour le trafic de bois, surtout pour le bois de rose, afin d’assouvir la demande chinoise, mais aussi les marchés locaux, tant en Gambie qu’au Sénégal. Cette déforestation illégale est facilitée par la corruption des autorités de ces deux pays.

Une situation que connaît l’Indonésie qui déforeste à tour de bras pour produire les tonnes d’huile de palme à l’origine de profondes modifications de la biodiversité. Les orangs-outans, les gibbons et les tigres sont parmi les espèces les plus affectées par les impacts de cette production sur la biodiversité. Des impacts qui convergent en Malaisie et en Indonésie, et qui pourraient s’étendre à l’Afrique tropicale ainsi qu’à l’Amérique si la production se développait pour répondre à la demande. Surtout en Asie, où l’huile de palme est une denrée de base dans les assiettes.

Vous l’aurez compris, le déclin de la biodiversité est directement lié à notre survie. Lorsque nous serons tous obligés de faire appel, comme au Japon, à des robots pollinisateurs pour assurer une pollinisation artificielle à cause de la disparition des abeilles, il sera trop tard…

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