Journalisme & environnement

02. Qu’est-ce que le journalisme environnemental ? /

Le changement climatique et les menaces qui pèsent sur le vivant sont des sujets d’actualité majeurs. Près de 25% de la population mondiale sera impactée par des menaces écologiques d’ici 2050, un chiffre dévoilé le mois dernier par un rapport : l’Ecological Threat Registe. Changement climatique, risques de catastrophes naturelles, insécurité alimentaire ou pénurie d’eau… nombreux sont les risques liés à la croissance démographique, au stress hydrique, à l’insécurité alimentaire, aux sécheresses, aux inondations, aux cyclones, à la hausse des températures et du niveau de la mer que nous pouvons analyser et relayer.

Comme nous ne sommes pas formés pour cerner la complexité que ces sujets d’actualité révèlent, il est important de bien intégrer ces réalités. Cela nous permet de porter un regard nouveau sur le monde et sur la façon de cerner certains problèmes pour apporter des réponses.

Le journalisme environnemental a longtemps été considéré comme une spécialité journalistique moins importante que le journalisme de guerre, politique ou encore économique. Dans la hiérarchie de l’information, les questions liées à l’environnement passaient traditionnellement derrière les actualités politiques, les questions sécuritaires ou liées à l’emploi, quitte à ne pas exister du tout. Maintenant, il n’est plus étonnant de voir une Une consacrée à des catastrophes environnementales.

Les journalistes spécialisés dans ces questions ont longtemps été perçus comme des militants ou tout simplement comme ayant une vision idéalisée du monde. Qui plus est, leurs révélations vont bien souvent contre le système économique dominant et la recherche de profits. Or, il n’est pas forcément bien vu de questionner sur le développement économique et son extraction des ressources planétaires, ses rejets polluants, ses émissions de dioxyde de carbone, ses effets sanitaires…

Vous l’aurez compris, pendant longtemps, se spécialiser dans ce domaine n’a pas été chose aisée. Sans parler des menaces qui pèsent sur les journalistes qui fouillent trop certains sujets. En une décennie, 20 journalistes ont été tués pour avoir traité de sujets environnementaux. Dix d’entre eux l’ont été au cours des cinq dernières années. Neuf de ces derniers ont été assassinés en Colombie, au Mexique, aux Philippines, en Birmanie et en Inde selon l’ONG Reporters sans frontières.

Les principaux sujets qui font des journalistes des cibles ? La déforestation, l’extraction minière illégale, l’accaparement des terres, les conséquences environnementales d’activités industrielles. Aujourd’hui, l’urgence est telle que le besoin d’informer sur ces questions est plus grand. Cela n’est pas plus facile pour autant.

C’est pourtant devenu indispensable pour comprendre le monde et informer correctement dans le contexte complexe actuel. Quitte à vulgariser certains termes pour les rendre compréhensibles par le plus grand nombre. On ne peut pas parler de sujets climatiques par exemple sans nommer le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ou encore d’émissions de CO2 pour nommer les rejets du principal gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre, responsable du réchauffement climatique.

Il serait même nécessaire de placer les problématiques environnementales au cœur des préoccupations, d’éditorialiser le contenu des journaux sous le prisme de la grille de lecture écologique du monde. Ce qui, de fait, interroge le fonctionnement des médias et leur modèle économique tout en posant des questions fondamentales.

Comment continuer à parler sans recul de production de richesses quand on sait que les dégradations environnementales génèrent des points de croissance ? Comment analyser les tensions sociales sans regarder en amont les conditions de vie et l’environnement des personnes touchées ? Les multinationales peuvent-elles continuer à exploiter des ressources comme l’eau ou la forêt impunément ?

En fait, l’environnement touche de profondes questions de société qu’il est nécessaire de poser aujourd’hui. Le journalisme environnemental est plus nécessaire que jamais même si le journalisme vert est en danger.

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