Journalisme & environnement

07. Le traitement de l’information environnementale peut s’avérer dangereux /

Le traitement de l’information est d’autant plus difficile lorsqu’on est dans un pays réfractaire à la liberté d’expression et à la liberté de la presse. Le travail des journalistes environnementaux est particulièrement difficile en Amérique et en Asie, deux régions du globe qui concentrent deux tiers des exactions perpétrées contre ces spécialistes.

En Inde, par exemple, quatre journalistes ont été tués. On a une pensée pour le correspondant Shubham Mani Tripathi, du quotidien hindiphone « Kampu Mail », abattu de six balles alors qu’il enquêtait sur la « mafia du sable ». La reporter indienne Sandhya Ravishankar a eu la vie sauve, mais a gravement pâtit de la couverture de ce sujet dans l’État du Tamil Nadu. Pointer du doigt l’extraction illégale de cette ressource naturelle est une menace pour des industriels puissants. Leurs moyens de subsistance dépendent du sable comme matière première. Résultat :  elle a été confrontée à une violente campagne de diffamation à la suite de ses enquêtes. Expliquant même à Reporters Sans Frontières qu’elle a été la cible d’un harcèlement moral de la part des mineurs conduisant à sa marginalisation dans sa région, mais y compris par ses confrères.

Intimidations, pressions ne font pas exception lorsqu’un journaliste se mêle d’un peu trop près de sujets bons à passer sous silence. Tout comme les procédures judiciaires. Le journaliste sud-soudanais Joseph Oduha du groupe de presse Nation Media Group (NMG) Joseph Oduha en a fait les frais. Ses articles sur les conséquences inhumaines de la pollution des hydrocarbures, lui ont valu d’être détenu et torturé. Il a subi une telle pression des consortiums pétroliers et des autorités qu’il n’a pas eu d’autres choix que de s’exiler.

Si la plupart des poursuites judiciaires engagées aboutissent à la relaxe des journalistes, des procédures peuvent tout de même les conduire en prison. En Ouzbékistan, Solidjon Abdourakhmanov a livré de nombreux articles sur les conséquences de la catastrophe écologique de la mer d’Aral, ce qui lui a valu neuf années passées derrière les barreaux.

Au Japon, des journalistes dénoncent l’autocensure dans les grands médias sur tout ce qui a trait aux conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Selon eux, les pressions du gouvernement et le lobby du nucléaire voudraient empêcher le traitement d’informations donnant “une image négative du Japon” et qui pourrait nuire à la préparation des Jeux olympiques.

Le journalisme environnemental est donc devenu bien plus dangereux qu’il ne l’était auparavant. Une tendance liée à une prise de conscience croissante sur l’importance du sujet. Le public est désormais bien plus sensibilisé aux enjeux écologiques, mais les gouvernements aussi. Les préoccupations autrefois marginales ne sont plus forcément hors des radars médiatiques.

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