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05. Migrations climatiques : pourquoi il est urgent de limiter la hausse des températures /

C’est un chiffre alarmant que nous mettons aujourd’hui en lumière. L’année dernière, les facteurs écologiques et les conflits ont fait près de 30 millions de déplacés. Ce chiffre pourrait monter à un milliard d’ici à 2050 selon une nouvelle analyse des risques écologiques mondiaux.

En cause ? Le manque de nourriture, d’eau et l’accroissement de la population, mais aussi les catastrophes naturelles comme les cyclones, l’élévation du niveau de la mer et la hausse des températures.

Quels pays et régions sont donc les plus à risque alors que la population mondiale devrait atteindre les 10 milliards d’habitants d’ici 2050 ?

Il faut savoir que les 19 pays qui présentent le plus grand nombre de menaces écologiques figurent parmi les 40 pays les moins pacifiques au monde. Citons l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, le Tchad, l’Inde et le Pakistan. Selon ce rapport, plus d’1 milliard de personnes vivant en Afrique subsaharienne, en Asie centrale ou au Moyen-Orient pourraient être contraintes d’émigrer d’ici 2050.

Ce qui aura de fortes répercussions sociales et politiques au niveau mondial. Les déplacements de masse des populations des pays en voie de développement conduisent à un afflux important de réfugiés vers les pays les plus développés. Avec déjà 60% d’eau douce disponible de moins qu’il y a 50 ans, une hausse de la demande alimentaire de 50% dans les 30 prochaines années, une multiplication des catastrophes naturelles à cause du réchauffement climatique… Dans un tel contexte, nous pouvons dire que même des pays stables deviendraient vulnérables en 2050.

Il est donc urgent d’intensifier les efforts internationaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’atténuer la hausse mondiale des températures, mais pas seulement. Il faut compléter l’action par des plans de développement solides au niveau de chaque pays. Citons-en deux qui présentent des profils différents autant sur le plan du climat, de la démographie, des flux migratoires, des moyens de subsistance et du développement. Il s’agit de l’Éthiopie et du Bangladesh.

Si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique et favoriser le développement, l’Afrique subsaharienne risque de compter jusqu’à 86 millions de migrants climatiques internes d’ici 2050 d’après une étude de la Banque mondiale de 2018.

L’Éthiopie fait partie des pays les plus vulnérables aux dérèglements du climat sur le continent. Pourquoi ?  À cause de l’agriculture pluviale. Selon les projections, sa population augmentera de 60 à 85% à l’horizon 2050. Les pressions exercées sur les ressources naturelles du pays et sur ses institutions seront d’autant plus grandes. L’Éthiopie tente donc, dès aujourd’hui, de diversifier son économie et de se préparer aux risques d’explosion des migrations climatiques internes.

Changeons de continent. Direction l’Asie du Sud qui comptera 40 millions de migrants climatiques internes en 2050, dont un tiers dans le seul Bangladesh. Dans le pire des scénarios envisagés par le même rapport de la Banque Mondiale, les problèmes de pénurie d’eau et de baisse de la production agricole liés aux dérèglements climatiques risquent de conduire à d’importants mouvements de populations. Et oui, près de la moitié des habitants du pays sont dépendants de l’agriculture.

Le Bangladesh a déjà pris des mesures dans différents secteurs comme l’eau, la foresterie, l’agriculture… pour intégrer des stratégies d’adaptation au changement climatique dans ses plans de développement. Dans le nord-ouest du pays, les autorités encouragent même les migrations saisonnières de main-d’œuvre pendant la saison sèche.

Les pays n’échapperont donc pas aux flux migratoires que provoquerait le dérèglement climatique. Les déplacements de population seront d’autant plus massifs que les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre ne seront pas maîtrisés.  Par conséquent, il est urgent de limiter la hausse de la température en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle. Ce sont des systèmes de subsistance et des écosystèmes qui sont en jeu.

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