Journalisme & environnement

03. Les effets du dérèglement climatique de la bande sahélienne à l’Asie du Sud /

D’une année sur l’autre depuis 2014, nous battons des records de chaleur. Le thermomètre ne cesse de grimper alors que l’augmentation des désastres naturels pèse sur les conditions de paix et de sécurité. Cela concerne en particulier trois grandes zones.

Mauvaise nouvelle : la concentration de gaz à effet de serre n’a jamais autant augmenté que ces quinze dernières années. De nombreux pays ont pris des engagements, mais aucune solution concrète ne semble apparaître. Des spécialistes du Programme mondial de recherche sur le climat (WCRP) annoncent qu’avec une telle augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère, nous devons nous attendre à un réchauffement climatique compris entre +2,3 à +4,5 °C.

Le nombre de désastres naturels qui découle de ce changement climatique augmente de façon exponentielle, qu’il s’agisse des cyclones, de la sécheresse, de la montée des températures et des océans. Et parallèlement, sur les conditions de paix et de sécurité dans le monde, selon l’Institute for Economics and Peace, 19 pays les plus concernés par le changement climatique figurent également dans les 40 pays les moins pacifiques de la planète. Trois grandes zones ont été identifiées.

La bande sahélienne, qui s’étend de la Mauritanie à la Somalie, est parmi les plus exposées. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont particulièrement touchés par l’addition du changement climatique et des conflits. En effet, à la violence actuelle s’ajoutent l’intensification de la désertification due à la montée des températures, le stress hydrique, la raréfaction des ressources alimentaires et l’explosion démographique.

La deuxième bande s’étend de l’Angola jusqu’au Mozambique et à Madagascar. Les épisodes cycloniques y sont plus fréquents et alternent avec des épisodes de grande sécheresse. Une situation catastrophique pour 60% de la population d’Afrique australe, qui vit de l’agriculture de subsistance, comme la culture du maïs.

Quant à la troisième bande, elle va du Moyen-Orient jusqu’en Asie du Sud. Les sources de tension risquent d’aggraver les conflits déjà existants. La Turquie, par exemple, a la main sur le robinet d’eau qui s’écoule vers la Syrie et l’Irak, qui a déjà connu des émeutes de la soif suite aux sécheresses. Une situation partagée en Iran où les lacs et les barrages sont à sec et de nombreuses villes menacées de coupures d’eau.

Au-delà de ces trois bandes, 5,4 milliards de personnes vont devoir affronter un stress hydrique élevé ou extrême vers 2040. Ce qui amènera pénuries alimentaires et violences, notamment en Chine et en Inde. Il suffit déjà de voir comment la sixième ville de l’Inde, Chennai, souffre de la pénurie d’eau. Ses réservoirs sont à sec et engendrent des manifestations dans cette métropole aux 10 millions d’habitants qui remettent en cause la gestion de l’eau par l’État.

Il est donc indispensable de mieux orienter les aides et/ou investissements des gouvernements et du secteur privé, sans oublier l’amélioration du niveau de résilience de nombreux pays.

Si nous ne modifions pas nos comportements d’ici 2050, ces phénomènes vont se multiplier et nos conditions de vie deviendront de plus en plus difficiles. Il est donc nécessaire de bien comprendre ces mécanismes pour les décrypter, et en parler au plus grand nombre avec exactitude afin de faire comprendre les enjeux et les solutions qui peuvent être apportées.

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