10. Les outils pour vérifier une vidéo sur Internet /
D’ici 2021, les vidéos sur Internet représenteront 82% du trafic Internet mondial. À ses débuts, le Web mettait en avant l’écrit. Aujourd’hui, 78% des internautes dans le monde regardent des vidéos en ligne chaque semaine, et plus de la moitié du contenu vidéo est actuellement consommé sur mobile. Le problème avec les vidéos, comme avec les photos, est qu’elles sont facilement détournables. Si les fausses vidéos (deepfakes), commencent à apparaître, concentrons-nous sur le cas le plus courant : les images utilisées hors-contexte.
Comme pour les photos, il s’agit alors de mener un travail d’enquête en ligne pour retrouver la vidéo originale. Le principe est le suivant : il faut découper la vidéo en plusieurs extraits pour obtenir des images fixes. Une vidéo étant composée d’un très grand nombre de photos placées les unes à la suite des autres, il est possible d’en extraire quelques-unes et d’utiliser ensuite un moteur de recherche pour effectuer notre enquête.
Mais comment faire quand on ne maîtrise pas les logiciels de montage vidéo, ou que l’on manque de temps ? Pas de panique : l’ONG Amnesty International a pensé à vous. Grâce à son outil YouTube Data Viewer, vous pouvez isoler automatiquement certaines images issues d’une vidéo hébergée sur YouTube.
Pour les plus à l’aise avec Internet, un autre outil vous permet de découper une vidéo en une série de vignettes, il s’agit d’un plugin à intégrer à votre navigateur, InVID.
Quoi de mieux qu’un exemple pour vous aider à comprendre ? Souvenez-vous : le 19 mai 2016, un avion de la compagnie EgyptAir se crash en Méditerranée, faisant 66 victimes. Bon nombre de vidéos apparaissent alors sur les réseaux sociaux, dont cette dernière, présentée comme ayant été tournée juste avant l’accident.
Pour vérifier que cette vidéo n’est pas présente ailleurs sur Internet, il va vous falloir utiliser l’outil d’Amnesty International. Ce dernier ne fonctionnant qu’avec YouTube, il faut auparavant télécharger la vidéo et l’uploader sur la plateforme. Pour récupérer une vidéo, plusieurs outils gratuits existent, dont l’efficace getfvid.com. Récupérez l’adresse de la vidéo Facebook dans la barre d’adresse, et collez-la dans l’outil. Il vous propose de la télécharger.
Cliquez sur “Dowload in Normal Quality”, puis faites un clic droit dans la fenêtre affichant la vidéo.
Cliquez sur “enregistrer sous…”, puis rendez-vous sur votre compte YouTube. Dans le menu de gauche, sélectionnez “Vos vidéos”, puis cliquez sur le bouton bleu en haut à droite “Gérer les vidéos”.
Cliquez sur “Créer” puis sur “Importer des vidéos”. Sélectionnez votre fichier, puis validez. Dans les options avancées, décochez “Autoriser l’intégration” ainsi que “Publier dans le flux Abonnements et informer les abonnés”. Cliquez sur “Suivant” jusqu’à l’écran visibilité, et laissez votre vidéo en “Non répertoriée”.
Sur l’écran qui liste vos vidéos, cliquez sur la vignette, puis sur l’adresse de la vidéo.
Copier l’adresse URL complète dans votre navigateur, puis collez-la dans l’outil d’Amnesty, qui vous propose automatiquement d’effectuer une recherche inversée sur Google.
Quelques minutes de recherche nous permettent alors de réaliser que la vidéo est en réalité issue d’un vol entre Abou-Dhabi et Djakarta, qui a connu d’importantes turbulences le 5 mai 2016. Rien à voir avec le crash du vol Egyptair, donc.
Si vous ne parvenez pas à déterminer l’origine de la photo grâce à ses outils, les indices présents sur l’image peuvent vous permettre de démontrer que l’information est fausse, comme dans cet exemple d’enquête effectuée par les Observateurs de France 24. Le journaliste cherchait à prouver qu’une vidéo présentée comme mettant en scène une bagarre à laquelle serait mêlée le président de la Guinée Alpha Condé n’avait en réalité pas été tournée dans le pays. Et ce qui l’a mis sur la piste, ce sont les plaques d’immatriculation.
Il faut donc parfois faire preuve de sagacité, et surtout prêter attention à tous les détails d’une vidéo !
Bon courage pour vos enquêtes !
Un projet porté par CFI en partenariat avec France Médias Monde